En 1792, monter sur l’échafaud ne présageait rien de bon ! Cette estrade utilisée massivement lors de la révolution pour y installer une guillotine, partageait la même racine étymologique avec ce que l’on appelle de nos jours un échafaudage. D’après le dictionnaire de l’académie française, l’échafaud désignait aussi :”un ouvrage provisoire de charpente, permettant aux ouvriers du bâtiment de travailler en hauteur sur des plates-formes”.
Déjà utilisés par les ouvriers égyptiens (voir image ci-dessous), les échafaudages ont été indispensables pour la construction des grandes cathédrales et ouvrages du moyen-âge. Rien ne pouvait être construit en hauteur sans eux ! Et sans échafaudage ni engins de levage, la cathédrale Notre Dame de Paris ne serait probablement jamais dressée aussi haut !
Les types d’échafaudages utilisés au Moyen Âge
Voici une liste non-exhaustive des principaux types d’échafaudages les plus utilisés au Moyen Âge :
Les échafaudages encastrés et trous de boulin
Pour faciliter le travail des ouvriers au fil de la construction et surtout, sécuriser leur travail en hauteur, les échafaudages étaient souvent ancrés dans le bâti. De nos jours, les meilleurs témoins de cette technique sont les trous de boulin que l’on peut parfois observer sur certains édifices.
Le boulin était une traverse ancrée dans la maçonnerie et dont le rôle était de supporter le plancher de l’échafaudage ou des tréteaux. Quand l’édifice était construit, les boulins étaient retirés et les trous la plupart du temps bouchés.
Le saviez-vous ? Plutôt que d’être rebouchés, les boulins étaient parfois cachés par des couvercles ou pierres sculptées : les caches-boulin !
Les échafaudages indépendants dits “à quatre perche”
Quand ils n’étaient pas encastrés, pour travailler sur de grandes hauteurs, les échafaudages étaient construits parallèlement aux murs. Ces échafaudages indépendants du moyen-âge sont ceux qui ressemblent le plus aux échafaudages modernes.
Les échafaudages à quatre perche consistaient comme leur nom l’indique à assembler 4 grandes perches verticales, pièces maîtresse de l’échafaudage moyenâgeux, reposant sur des moises, des traverses fixées aux perches à l’aide de ligature en cordage.
Les grandes perches situées aux extrémités étaient quant à elles solidement fixées par une croix de Saint André, un élément clé de l’ossature bois des charpentes. Les bâtisseurs circulaient alors sur des paletages, de larges planches servant à circuler et poser outils et pierres de maçonnerie). Pour accéder aux différents étages de l’échafaudage, les ouvriers utilisaient soit des plans inclinés ou des échelles.
Les échafaudages à pied
L’échafaudage à pied ou à un rang de perches empruntent des techniques de conception aux échafaudages ancrés et à quatre perches.
Afin d’apporter plus de stabilité et même fixer des engins de levages, ces échafaudages étaient fixés sur des boulins tout en reposant à intervalles réguliers sur des échasses ou perches verticales.
Les matériaux utilisés
Le bois : la ressource numéro 1
Le bois était le matériau de construction principal des échafaudages médiévaux, en raison de sa facilité d’approvisionnement, de sa résistance et de sa flexibilité. Les essences les plus couramment utilisées étaient :
- Chêne : bois dur et résistant, idéal pour les éléments porteurs de l’échafaudage.
- Frêne : bois flexible et élastique, utilisé pour les garde-corps et les planches de platelage.
- Hêtre : bois dur et dense, utilisé pour les échelles et les tréteaux.
- Orme : bois résistant à l’humidité, utilisé pour les fondations et les éléments exposés aux intempéries.
La qualité du bois était un facteur crucial pour la sécurité et la stabilité des échafaudages. Les charpentiers sélectionnent des bois sains, droits et sans défauts apparents. La provenance du bois était également importante, car les forêts locales fournissent souvent des essences adaptées aux besoins spécifiques de la construction.
Le cordage : le clou médial
Les cordes et les liens étaient essentiels pour assembler les différents éléments des échafaudages et pour assurer leur stabilité. Les matériaux les plus utilisés étaient :
- Chanvre : fibre végétale solide et résistante à l’usure, utilisée pour les cordes principales et les échelles.
- Lin : fibre végétale souple et légère, utilisée pour les liens et les fixations fines.
La qualité des cordes et des liens était essentielle pour la sécurité des travailleurs. Les charpentiers vérifiaient régulièrement l’état des cordages et les remplaçaient dès qu’ils présentaient des signes d’usure ou de dégradation.
Construction et reconstitution d’un échafaudage dans un chantier médiéval
Si vous souhaitez vous plonger dans l’ambiance d’un chantier médiéval et mieux comprendre les techniques de construction des châteaux, le lieu idoine est le Château de Langeais.
Situé dans le val de Loire, proche de Tours, ce château construit vers l’an 1000 offre la possibilité de voir en vrai un échafaudage médiéval reconstitué à partir des peintures et croquis de la fin du Moyen-Age.
Cet édifice a nécessité 3 mois de travaux par 5 compagnons menuisiers et charpentiers, de la coupe des arbres au montage à l’ajustement de l’échafaudage sur les boulins (source : Batiweb).
Il est même possible d’y voir une exposition Playmobil qui permet aux plus petits de comprendre comment le donjon de Langeais a été construit !
Si vous souhaitez vous plonger encore plus dans un chantier médiéval, nous vous recommandons vivement de regarder la vidéo suivante, sur la naissance de la cathédrale Notre-Dame de Paris :
Références :
- https://www.batiweb.com/actualites/journaliste-d-un-jour/comment-fonctionnait-un-chantier-au-moyen-age-10279
- https://passerelles.essentiels.bnf.fr/fr/article/5a0e969a-fb4f-4b34-afd9-6de47261a25b-securite-moyen-age
- https://books.openedition.org/alpara/1767?lang=fr
- https://www.francebleu.fr/loisirs/evenements/les-batisseurs-du-moyen-age-en-vedette-saint-gilles-1469135000